Solution du futur ?

Les Mycomatériaux

Packaging de mycélium
Une innovation aux multiples applications :

Matériaux écologique et innovant, les mycomatériaux ont de multiples potentiels : isolant thermique et accoustique, packaging, bioremédiation et filtration, design, etc.

Les mycomatériaux sont des matériaux composés de matières premières qui ont été transformées et fusionnées avec du mycélium de champignon.

Les applications des mycomatériaux sont variées, se répartissant principalement en trois grandes familles :

  • Panneaux Isolants: Offrent une excellente isolation acoustique et thermique, idéals pour les applications dans la construction et l'architecture.
  • Objets et Packagings: Ces formes innovantes peuvent remplacer le polystyrène dans les emballages, offrant une alternative biodégradable et écologique.
  • Cuirs Fongiques: Une alternative durable aux cuirs d’origine animale, adaptée pour la mode et la maroquinerie.

Caractéristiques Physiques

Les mycomatériaux se distinguent par leur aspect et texture uniques :

  • Aspect Visuel: Généralement de couleur blanche, avec une surface lisse.
  • Texture: Un toucher doux et duveteux, rappelant la douceur de certains tissus.

  • Ressources Renouvelables: Fabriqués à partir de ressources renouvelables, contrairement aux matériaux issus de l'industrie pétrochimique.
  • Moins d'Énergie et d'Émissions: La production nécessite globalement moins d'énergie et génère moins d'émissions de gaz à effet de serre.
  • Biodégradabilité: 100% biodégradables, se décomposant naturellement sans laisser de déchets toxiques, idéaux pour les emballages remplaçant les plastiques à usage unique.
  • Compostabilité: Peuvent être compostés, réintégrant le cycle naturel des nutriments.
  • Isolation Thermique et Acoustique: Propriétés intéressantes pour la fabrication de panneaux isolants, contribuant à réduire la consommation d'énergie dans les bâtiments.
  • Résistance Naturelle: Le mycélium rend les substrats naturellement résistants à l'eau et au feu.

  1. Panneaux d'Isolation
  2. Ces panneaux sont utilisés dans la construction pour l'isolation thermique et acoustique. Ils sont légers, résistants, et offrent une bonne isolation, tout en étant entièrement biodégradables.

  3. Emballages Écologiques

    Le mycélium est utilisé pour créer des alternatives biodégradables au polystyrène et autres matériaux d’emballage synthétiques. Ces emballages peuvent être conçus pour protéger divers produits pendant le transport, et ils se décomposent naturellement après utilisation.

  4. Cuir Végétal

    Le mycélium peut être cultivé et traité pour créer un matériau similaire au cuir, souvent appelé cuir fongique. Ce cuir végétal est utilisé dans la mode et la maroquinerie, offrant une alternative durable et éthique au cuir animal.

  5. Mobilier et Décoration

    Des chaises, tables, et autres éléments de décoration intérieure peuvent être fabriqués à partir de mycomatériaux, offrant un design unique et une empreinte écologique réduite.

  6. Composants d'Électronique et de Voitures

    Les mycomatériaux sont également explorés dans les secteurs de l'électronique et de l'automobile pour la fabrication de composants légers et durables.

  7. Textiles et Vêtements

    Certains projets expérimentent avec des mycomatériaux pour créer des textiles innovants, offrant une alternative aux tissus synthétiques.

Comment produire des mycomatériaux ?

incubation substrat

Les différentes étapes La production des mycomatériaux s'apparente à la première partie de la production classique de champignons :

  1. Le choix du substrat et de la variété
  2. la pasteurisation
  3. l’inoculation
  4. l’incubation
  5. le moulage
  6. le séchage

Culture de Champignons sur paille

1) Le choix du substrat et de la variété

Il existe une multitude de substrats différents qui peuvent être utilisés : paille de céréales, fibres de chanvre, copeaux de bois, sciures, cartons, résidus des industries de l’agroalimentaire, textiles divers, coque de noix de coco, etc.

Vu la démarche écologique qui accompagne souvent les projets autour des myco-matériaux, les substrats généralement choisis ont également comme objectif de revaloriser des déchets d’autres activités et de valoriser des matières locales pour diminuer les transports et l’impact carbone.

Au-delà de ces considérations écologiques, il y a aussi des aspects techniques à prendre en compte pour obtenir au final un produit de bonne qualité :

Les variétés utilisées pour les biomatériaux sont des champignons lignivores & saprophytes : ils dégradent naturellement le bois mort et plus généralement les matières carbonées.

Un substrat trop riche en azote ou en sucre sera plus propice aux bactéries, et vous devrez donc “lutter” davantage avec plus d’énergie à mettre sur la stérilisation du substrat et la stérilité des processus d’inoculation et d’incubation.

À l’inverse, un substrat très carboné sera dit “sélectif” car peu d’autres micro-organismes que les champignons peuvent se développer sur des copeaux de bois.

Cependant, un manque d’azote et de sucres peut résulter sur un mycélium trop faible, une colonisation trop lente et éventuellement incomplète du substrat, et donc un rendu de moins bonne qualité.


➡️ Notre conseil : On utilise généralement une base carbonée comme de la paille ou de la sciure/copeaux de bois (feuillus de préférence) à raison de 80-90%, qui est enrichie avec une matière plus riche comme des céréales, marc de café, foin ou autre à raison de 10-20%.

Le mycélium est un être vivant, qui a besoin d’oxygène pour vivre, pour coloniser et décomposer ses substrats.

Un substrat trop dense ou gorgé d’eau ne lui laissera pas suffisamment respirer et sera alors plus propice aux bactéries anaérobies, par exemple. Un substrat trop sec donnera une mauvaise colonisation du substrat.


➡️ Notre conseil : On recommande un taux allant de 60% d’humidité pour un substrat à base de sciure à 70% pour les substrats à base de paille.

En fonction de l’utilisation qu’on veut en faire, les matériaux auront besoin de plus ou moins de rigidité. Pour les panneaux isolants, par exemple, on va préférer une texture fibreuse.


Le choix du mycélium est bien sûr important car certains sont plus solides que d’autres. Le mycélium va agir comme liant, comme une colle qui va assembler toutes les matières entre elles. Ce qui va apporter de la solidité, ce sont les fibres (paille de céréales broyées, tiges végétales, toiles de jutes, etc).


Tout comme dans la construction de bâtiments, on va “armer” le béton : on va ajouter des structures métalliques dans le béton pour lui apporter une meilleure solidité et une meilleure résistance.

Les fibres vont également aérer le substrat, et de ce fait améliorer son aspect isolant. Toutefois, des fibres trop longues ne seront pas pratiques à utiliser car elles ne rentreront pas bien dans les moules, risquent de percer les sacs, et de trop aérer le substrat.


➡️ Notre conseil : Utiliser un mélange de paille broyée (1-3 cm idéalement) avec 10 à 20% de sciure de bois (notre substrat optimal convient très bien).

Le choix de la variété :

Les variétés les plus couramment utilisées sont :
  • le reishi (ganoderma lucidum)
  • le turkey tail (trametes versicolor)
  • le pleurote en huître (pleurotus ostreatus)

Le reishi et le tramète font partie de la famille des champignons “polypores” : ce sont des champignons naturellement très rigides que vous pourrez trouver sur des troncs d’arbres (vivant ou mort). Ces mycéliums sont très “agressifs”, cela veut dire qu’ils sont rapides à coloniser un substrat et ont une bonne capacité de réaction face aux autres micro-organismes compétiteurs. En jouant avec les durées de maturation, ces mycéliums vont donner également des colorations différentes.

Le mycélium de reishi pourra partir sur des couleurs jaune, orange et rouge. Celui du tramète partira sur des couleurs plutôt beiges et brun foncé.

Ganoderma Mycomateriaux
Ci-dessus un ballot de reishi en début de fructification

Le mycélium de pleurote est aussi régulièrement utilisé. Comme les 2 mycéliums précédents, il est rapide et s’adapte à une multitude de substrats différents. Il est un peu moins solide et dense que les polypores, par contre c’est un des mycéliums les plus répandus du fait de la culture des pleurotes pour l’alimentation.

Le pleurote jaune et le pleurote rose peuvent également être utilisés pour les colorations visibles sur leur mycélium, ce qui peut donner des résultats intéressants d’un point de vue artistique. Le mycélium de pleurote rose a une texture plus fragile toutefois.

2) La pasteurisation ou la stérilisation

Cette étape a pour objectif d’éliminer la majorité ou la totalité des micro-organismes présents d’origine dans le substrat pour laisser le champ libre au mycélium choisi.

Une pasteurisation insuffisante va généralement résulter par des “contaminations” : typiquement, cela sera des bactéries ou des moisissures qui vont coloniser tout ou une partie du substrat, donnant un résultat qui sera nettement moins bon en terme de qualité attendue, voire complètement inutilisable selon les cas.

Il existe différentes façons de pasteuriser ou de stériliser un substrat, mais ce n’est pas l’objet de cet article. Pour commencer, nous vous recommandons les 2 méthodes simples de pasteurisation à la chaux ou à la chaleur.

Mycelium turkey tail

3) L’inoculation, ou l’ensemençement du substrat

Après la pasteurisation et le refroidissement à une température inférieure à 40°C., le substrat va être mélangé avec le mycélium. On utilise généralement du mycélium sur grain car celui-ci va permettre une bonne dissémination du mycélium dans le substrat, ainsi qu’un apport d’énergie pour le mycélium et donc une colonisation plus rapide.

Le taux d’inoculation peut varier selon les substrats utilisés et le taux de stérilité des techniques. En conditions optimales de laboratoire, on utilisera 1 à 2% de mycélium.

Pour un substrat pauvre (= plus riche en carbone) et des conditions d’inoculation non stériles, on mettra entre 5 et 10% de mycélium sur grain. Un taux d’inoculation plus élevé permet une colonisation plus rapide et diminue donc le risque d’échec lié à des contaminations avec d’autres micro-organismes.

Les contenants :

Les substrats sont généralement mis en sacs plastique perforés ou équipés de filtres (nos sacs unicorn, gaine plastique, ou seaux). L’usage du plastique à ce stade a plusieurs fonctions : contenance du substrat, maintien d’un taux constant d’humidité, empêcher les contaminants (micro-organismes et insectes) d’entrer dans le substrat. Les sacs professionnels sont équipés d’un microfiltre qui permet l’apport d’oxygène tout en évitant l’entrée des spores de bactéries ou de moisissures.

À une petite échelle, et pour diminuer l’impact carbone, il est possible d’utiliser des contenants réutilisables. Notez toutefois que ceux-ci doivent être vraiment bien nettoyés en profondeur pour éviter de recontaminer les substrats après la pasteurisation, et ils doivent également permettre une respiration du mycélium (par exemple un seau avec un bouchon d’ouate).

4) L’incubation

C’est la phase où le mycélium va coloniser son substrat, et le digérer. Pour cette étape, le mycélium a besoin de chaleur : une température idéale située entre 20 à 25°C. La lumière a peu d’impact à cette étape, mais il est généralement recommandé de placer les substrats dans le noir. Dès que le substrat est colonisé, vous pouvez passer à l’étape suivante.

packaging bouteille

5) Le moulage

Après la colonisation complète du substrat par le mycélium, celui-ci est placé dans son moule, qui va lui donner la forme souhaitée. Le substrat est cassé, émietté et réparti de manière uniforme. Selon les projets et les objectifs, les moules peuvent être réalisés, par exemple, en imprimante 3D, ou pour les amateurs avec des objets de récupération (vase, bouteilles, etc.). Bien que le substrat soit déjà colonisé par le mycélium, il est important de travailler proprement et de désinfecter tout ce qui entre en contact avec le mycélium.

Après la mise en moule, le substrat est remis en incubation pendant 3 à 7 jours pour une nouvelle fusion des fragments de mycélium et une meilleure solidité. Pendant cette phase, le mycélium a toujours besoin d’oxygène et d’une humidité constante. En fonction de la taille des moules, il est parfois nécessaire de les percer pour un meilleur apport d'air.

Il est également possible d’incuber le mycélium directement dans son moule définitif après inoculation. Cependant, il est à noter que le fait d’émietter et de fragmenter le mycélium après la colonisation du substrat permet généralement d'obtenir une meilleure solidité par la suite.

Les résultats peuvent varier en fonction des matériaux, de la variété, des températures, du taux d’humidité dans l’air et dans le substrat, de la durée d’incubation, etc. Les champignons sont très réactifs à leur environnement. À vous de faire vos expériences pour mieux comprendre le fonctionnement du mycélium et trouver les processus qui conviennent le mieux à vos attentes.

séchoir mycélium

6) Le séchage

Lorsque le résultat est atteint, on procède au séchage pour stopper l’activité du mycélium et ainsi empêcher qu’il ne continue la dégradation du substrat et ne passe en fructification. Le séchage peut se faire à basse ou haute température. Il est important de noter que le mycélium a tendance à retenir l’humidité, ce qui prolonge le temps de séchage. Même si l’extérieur semble sec, l’intérieur de l’objet peut rester humide, favorisant l'apparition de petites moisissures.

À petite échelle, il est possible de les faire sécher à l’extérieur par de belles journées ensoleillées ou au four. Au four, vous pouvez utiliser la chaleur tournante avec une température si possible en dessous de 80°C. Alternez 1 heure de chauffe, 1 heure de repos, en ouvrant régulièrement la porte du four pour évacuer l’humidité. La durée totale, dépendant de différents facteurs, varie généralement entre 6 et 48 heures.

À une échelle professionnelle, l’usage de fours déshydrateurs spécifiques est recommandé. Il est essentiel d'avoir un contrôle des températures et du renouvellement d’air pour un séchage uniforme et suffisamment rapide, garantissant un résultat de bonne qualité.

Vous voulez tenter l’aventure des mycomatériaux ?

Nous vous proposons 2 options :

  1. Niveau Facile :
    Nos ballots prêts à pousser de reishi. Vous n’aurez plus qu’à l’émietter finement, le mettre dans le moule de votre choix, puis le sécher après la colonisation.
  2. Niveau moyen :

Mushroom Kits

Kids Friendly

C’est également une chouette activité à réaliser avec les enfants. La réussite est garantie. C’est une chouette manière pour eux d’entrer en contact avec le mycélium et le règne mystérieux des champignons. De là, on peut aborder avec eux leur fonctionnement, la façon dont ils se nourrissent, leurs modes de reproduction. Et c’est aussi l’occasion d’aborder des sujets sur l’écologie et l’économie des ressources naturelles.

Vous pouvez également choisir notre Pack DIY avec tout ce qu'il faut à l'intérieur.

Pour aller plus loin :

  • Growing Gourmet & Medicinal Mushrooms, Paul Stamets.
  • Mycelium Running, Paul Stamets.
  • Radical Mycology, Peter Mc Coy
  • Compressive behaviour of anisotropic mycelium-based composites (Rigobello & Ayres 2022).

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