La culture sur bûche est une manière assez simple pour produire des champignons dans son jardin. Vous pouvez ainsi valoriser vos coupes de bois, tout en produisant des champignons de qualité sur un long-terme.
C'est une culture qui demande une certaine patience car les premiers champignons prendront 12 à 18 mois pour apparaître... Ensuite, une bonne bûche peut donner des champignons chaque années sur 5 ans. Après l'ensemençement des bûches, le travail principal se limite essentiellement à maintenir une humidité constante sur les bûches.
Vous pouvez produire différents champignons au même endroit, qui produiront à des périodes différentes de l’année.
Voici les 3 points de ce guide:
Choisir des variétés de champignons et des essences de bois
Chaque variété de champignons est unique : certaines vont fructifier à la fin de l'été comme les pleurotes pulmonaires et d’autres vont attendre l’hiver comme les pleurotes en huître. Certaine variétés sont plus exigeantes que d'autres au niveau des essences de bois.
Globalement, toutes les variétés que nous vendons sur notre site pousseront sur la plupart des bois de feuillus, mais certaines combinaisons donneront de meilleurs résultats et d’autres seront à éviter.
Choisissez vos variétés avec vos essences de bois selon le tableaux ci-dessous:
Généralement il vaut mieux éviter les résineux car ces derniers contiennent des substances qui inhibe la croissance des mycéliums (antifongiques). Certaines variétés sont naturellement adaptées aux résineux comme les trametes versicolor ou les polypores soufrés. Leur mycéliums ont donc développé des mécanismes de défense ou bien sont capables de décomposer ces molécules anti-fongique.
Les pleurotes pulmonarius (pleurote d’été) poussent également sur la plupart des pins, voir même de différentes variétés de sapins.
De quelle quantité de chevilles ai-je besoin ?
Voici la formule pour estimer la quantité de chevilles dont vous avez besoin:
Longueur (mètre) x diamètre (cm) x 2,5= nombres de chevilles nécessaires.
Exemple:
Une bûche de 1,2m de long, 16cm de diamètre.
-> 1,2 x 16 x 2,5 = 48 chevilles pour la bûche.
Quand couper le bois ?
Privilégier du bois coupé pendant la période de dormance, c'est à dire l'automne-hiver, avant que la sève ne monte. Il y a deux périodes vraiment optimales: à l’automne quand les feuilles commencent à changer de couleur et à la fin de l’hiver, juste avant que la sève ne remonte dans les arbres et que les bourgeons n’éclosent. Ainsi, l’écorce tiendra plus longtemps au tronc, et les résultats seront généralement meilleurs.
Ceci-dit si vous avez du bois à une autre période de l’année, il finira de toute façon par être dégradé par un champignon (car les champignons sont les seuls organismes capable de décomposer la lignine du bois), donc autant l'ensemencer avec un mycélium qui produira des champignons que vous pourrez consommer.
Nous recommandons d’utiliser du bois frais, qui a été coupé dans les 2-3 mois maximum précédent l’ensemençement. L’optimal est d’inoculation dans les 2 à 3 semaines suivant la coupe. Selon les essences, il est parfois recommandé d’attendre 2 semaines avant l’inoculation: d’une part parce que cela laisse le temps à certains composés antifongiques de se dégrader, et d'autre part que les cellules du bois seront déjà affaiblies, ce qui sera plus propice au mycélium.
Mais au plus on attend, au plus le risque est grand que d’autres champignons soient déjà implantés et de ne pas laisser la place à celui que vous allez inoculer dans la bûche. C’est aussi que le bois a tendance à se dessécher, principalement en été et en hiver selon les régions. Si le bois vous semble trop sec, vous pouvez le faire tremper 12 à 24h dans l’eau avant l’ensemençement.
Il est également recommandé d’utiliser des bois sains, absents de maladies et de traces d’autres mycéliums.
Les premières semaines suivant l’inoculation, il est recommandé de protéger vos bûches des grandes gelées: local intérieur, à l’abri d’un mur, recouvrir de feuilles mortes ou de paille, couvertures, bâches, etc. Couvrir les bûches permettra également de limiter le dessèchement par le vent et le soleil en fournissant un mycélium optimal pour le bon développement du mycélium. Le mycélium a besoin de respirer un peu donc n’enfermez pas vos bûches dans des bâches 100% étanches.
Les essences de bois
Les bois durs comme le chêne, l’érable ou le hêtre vont généralement prendre plus de temps à donner leurs premiers champignons, mais ils donneront également des champignons plus longtemps.
A l’inverse, les bouleaux ou les peupliers se feront rapidement coloniser par le mycélium et donneront plus vite. Mais au final ils produiront généralement moins d’années et donc moins de champignons.
Il y a toujours des exceptions: les pleurotes donneront généralement de meilleurs résultats sur du bouleau ou du peuplier que sur du chêne, mais ils donneront également de bons résultats sur du hêtre.
La liste des essences n’est bien sûr pas exhaustive et ne soit pas vous empêcher de faire vos propres expériences. Nous nous ferons un plaisir de lire vos retours si vous souhaitez nous les partager par mail: contact@lamycosphere.com
Les diamètres
Nous recommandons un diamètre allant de 10 à 25 cm. Les plus gros diamètres prendront plus de temps à être colonisé et mettrons donc plus de temps à produire, mais ils donneront également sur plus d’années. Ils résistent également mieux aux sécheresses que les petits diamètres. Les bois sont généralement coupés par section de 1m de longueur, ce qui facilite la manutention.
Une exception au niveau des diamètres: les shiitakés. Le mycélium de shiitaké se nourrit essentiellement de l’aubier du bois, c'est-à dire la couche de bois qui est située vers l’extérieur. Ainsi on recommande pour les shiitakés un diamètre plus petit allant de 8 à 15 cm.
Pour les diamètres de 30cm et plus, nous recommandons plutôt la technique du totem: superposer des sections de 20-30cm de hauteur, avec entre chaque section une couche de 1cm de mycélium sur sciure. Cette technique est particulièrement adaptée aux pleurotes, lion’s mane et reishi.
Les souches des arbres coupés récemment peuvent également être inoculées, et produire sur une période de 5 à 10 ans. L’ensemble des racines présente une quantité de bois considérable qui pourront nourrir le mycélium sur un long-terme. La période cruciale se trouve dans 4 à 8 semaines qui suivent l’inoculation car il faut pouvoir maintenir une humidité suffisante pour que le mycélium puisse bien s’implanter en profondeur. Par la suite, le mycélium aura accès à une grande quantité de carbone dans le sol, tout en pouvant capter l’humidité qui lui est nécessaire dans le sol.
Du mycélium sur chevilles ou sur sciure ?
Pour la culture sur bûche à petite échelle, les mycéliums sur chevilles conviennent le mieux. Le seul matériel nécessaire est une perceuse, une mèche de 8 ou 9 mm, un marteau et éventuellement un pinceau. C’est donc à la portée de tout un chacun.
Pour une production à plus grande échelle (100-200 bûches), il devient plus intéressant de travailler avec du mycélium sur sciure. L’avantage de ce type de mycélium est son plus faible coût, mais aussi une colonisation des bûches un peu plus rapide que sur chevilles. Cela devient intéressant seulement avec l’acquisition de certains outils spécifiques comme un inoculateur manuel/ automatique et des mèches adaptables sur meuleuses. Nous proposons aussi sur commande du mycélium sur sciure par sacs de 3 ou 5 kg, vous pouvez nous contacter par mail pour plus d’informations à ce sujet.
Combien de temps conserve le mycélium ?
Le mycélium sur chevilles ou sur sciure se conserve très bien au frigo. Nous recommandons de l’utiliser dans les 6 mois suivant la réception. L’idéal est de les utiliser plus rapidement bien sûr, car le mycélium perd progressivement en vigueur, et le risque de contaminations augmente avec le temps.
Méthodes d’ensemençement (inoculation)
La technique de la bûche traditionnelle
- Utilisez une mèche à bois de 8 ou 9 mm pour l’inoculation avec chevilles ou 12 mm pour l’inoculation avec du mycélium sur sciure. Faites des trous de 3 à 4 cm de profondeur sur tout le contour de la bûche. Les trous doivent être un petit peu plus profonds que les chevilles. Faites des trous en quinconce tous les 5 à 10 cm.
- Insérez les chevilles dans les trous, à l’aide d’un marteau si nécessaire. Les chevilles ne doivent pas dépasser des trous. Pour l’inoculation avec du mycélium sur sciure, un outil adapté est recommandé.
- Recouvrez de cire. La cire sert à protéger le mycélium du dessèchement, ainsi que des insectes et des maladies. A défaut, vous pouvez également utiliser de la paraffine, de la cire pour fromage ou encore de l’argile verte. C’est particulièrement important pour le mycélium sur sciure. Pour l’inoculation avec chevilles, il est possible de s’en passer à condition de prendre plus de précautions sur le dessèchement des bûches après inoculation.
- Patientez. Selon les variétés, les essences de bois et les diamètres, il faudra attendre entre 6 à 18 mois. Placez vos bûches à un endroit à l’ombre abrité des vents. Évitez le contact direct avec le sol qui pourraient amener des petits insectes et contaminations avec les champignons du sol. Vous pouvez par exemple les placer sur une palette, recouverte d'une bâche ou d’un voile. En cas de chaleur, verser un arrosoir d'eau sur les bûches occasionnellement pour éviter qu’elles ne sèchent. Pour cette première phase d'incubation, les bûches peuvent être entassées. Après 3 à 6 mois, vous pouvez les espacer. Pour les pleurotes, maîtaké et reishi, nous recommandons de les enterrer d'un tiers dans le sol pour qu'elle puisse capter l'eau du sol. Les pleurotes apparaissent généralement à la fin de l'automne et au début de printemps.
- Récoltez et dégustez votre production. Une bûche réalisée dans de bonnes conditions peut produire des champignons pendant 3 à 5 ans.
La technique de la souche
Les souches prennent plus longtemps à coloniser et à produire que les bûches, mais peuvent produire des champignons sur près de 10 ans. Les souches doivent avoir été coupées récemment. Elles doivent également être situées dans un lieu ombragé et humide pour éviter la sécheresse. Si possible coupez la souche 20 à 40 cm au dessus du sol pour faciliter l’inoculation.
Pour éviter les repousses ou rejets, vous pouvez “cerner le tronc à la base” en retirant une bande de 3-4 cm d’écorce au plus bas au niveau du sol.
Les souches peuvent être ensemencées avec du mycélium sur chevilles, ou sur sciure (voir images)
- Utilisez une mèche à bois de 8 ou 9 mm pour l’inoculation avec chevilles ou 12 mm pour l’inoculation avec du mycélium sur sciure. Faites des trous de 3 à 4 cm de profondeur sur tout le contour de la souche. Les trous doivent être un petit peu plus profonds que les chevilles. Faites des trous en quinconce tous les 5 à 10 cm.
- Insérez les chevilles dans les trous, à l’aide d’un marteau si nécessaire. Les chevilles ne doivent pas dépasser des trous.
- Recouvrez de cire. La cire sert à protéger le mycélium du dessèchement, ainsi que des insectes et des maladies. A défaut, vous pouvez également utiliser de la paraffine, de la cire pour fromage ou encore de l’argile verte. C’est particulièrement important pour le mycélium sur sciure. Pour l’inoculation avec chevilles, il est possible de s’en passer à condition de prendre plus de précaution sur le dessèchement des bûches après inoculation.
La technique du totem
La technique du totem convient particulièrement aux sections avec un large diamètre (>20 cm). Les bois sont coupés en sections de 20 à 30 cm de long, superposées en sandwich avec une couche de mycélium entre chaque section. Cette technique est particulièrement adaptée pour les pleurotes, les lion’s manes et les reishis.
Un sac de mycélium sur sciure de 3 kg permet d’ensemencer environ 4 à 6 sections de bois superposées de 30cm de diamètre.
- Découpez 3 sections de 20 à 50 cm de longueur. Comptez également un chapeau d’environ 5 cm qui viendra au-dessus.
- Disposez l’ensemble dans un lieu ombragé et humide.
- La base du totem peut être une souche. Sinon commencez par disposer une couche de carton brun sur le sol. Mettez une première couche de 2 à 3 cm de mycélium sur sciure. Puis construisez votre totem avec une couche de mycélium entre chaque section, et terminez par un chapeau de 5 cm. Un sac percé peut être utilisé pour recouvrir entièrement le totem. Cela va permettre un développement optimal du mycélium, à l’abri de la sécheresse. A défaut, vous pouvez également recouvrir les bords avec de la cire.
- Soyez attentif les 6 premiers mois à ce que le mycélium ne sèche pas. Vous pouvez retirer le sac lorsque vous voyez du mycélium bien présent sur les bûches.
- Une fois que vos bûches sont bien colonisées (6 à 12 mois), le totem peut être laissé tel quel pour la fructification. Vous pouvez également le diviser de manière à ce que chaque section soit en contact avec le sol pour limiter le dessèchement.
Pour certaines variétés comme le maïtake, les namekos ou les reishis, il est recommandé d’enterrer partiellement les bûches dans le sol après la colonisation. Cela va permettre de maintenir une humidité constante, mais également stimuler la fructification par le contact avec les bactéries du sol.
Comment voir si mes bûches sont bien colonisées ?
Vous pouvez regarder sur une des extrémités du bois. Vous devriez voir du mycélium (petits filaments blancs). Le mycélium ne recouvre pas toujours l’entièreté du bois et ce n’est pas grave. Au départ il peut y avoir des petites moisissures de surfaces qui se développent sur les bords, elles se nourrissent des restants de sèves qui sortent du bois. Si l’extrémité a séché ( ce qu’il faut tenter d’éviter), le mycélium peut ne pas être visible. Vous pouvez alors tronçonner une partie pour voir le mycélium à l’intérieur du bois.
Entretien et récoltes des champignons
Le risque principal de cette culture est la sécheresse. Nous recommandons donc de recouvrir les bûches avec une bâche ou un voile si nécessaire pour maintenir l'humidité des bûches, en particulier pendant la période d'incubation.
Placez vos bûches dans un lieu naturellement humide: sous-bois, buissons,... Évitez dans un premier temps de mettre la bûche en contact avec le sol pour éviter que d’autres champignons indigènes ne rentrent en compétition avec notre mycélium. Vous pouvez disposer vos bûches sur une palette si vous en avez beaucoup, ou simplement sur des petits bois qui vont surélever vos bûches.
En cas de sécheresse, il peut être nécessaire d’arroser occasionnellement. A l’inverse, attention de ne pas les maintenir détrempées ou humide trop longtemps, les mycéliums ont besoin de respirer.
A une échelle professionnelle, vous pourrez utiliser un voile d’ombrage et des asperseurs pour maintenir une humidité élevée lors de la croissance des champignons.
Pour bien humidifier vos bûches en profondeur, l’idéal est de les faire tremper 12 à 24h dans une bassine d’eau.
Après la période d’incubation (6 à 12 mois) il est nécessaire d’espacer les bûches. Cela permet d’apporter plus d’air et laisse de la place pour un bon développement des champignons et facilite également les récoltes.
Les champignons ont tendance à pousser naturellement après des périodes fraîches et humides. Cela peut être forcé par le trempage des bûches dans une bassine d’eau froide pendant 12 à 24h (évitez l’eau du robinet qui contient du chlore, ou laissez l’eau reposer quelques heures préalablement). Cela fonctionne particulièrement bien pour les shiitakés. Notez qu’il faut laisser au moins 1 mois de repos entre chaque récolte.
Combien de temps faut-il attendre avant de récolter les champignons ?
La période de colonisation du bois (incubation) varie selon les variétés de champignons, les essences de bois et les diamètres des sections, et la température. La durée peut ainsi varier entre 6 mois et 2 ans.
Le pleurotes est une variété plus rapide et agressive que la plupart des autres variétés cultivées. Ainsi, des bûches inoculées à la fin de l'hiver pourront déjà produire des champignons au premier automne. Pour les shiitaké par exemple, il faudra plutôt compter 18 mois. Ne désespérez donc pas si vous ne voyez pas arriver vos beaux champignons dès la première année.
La plupart des champignons ont besoin de fraîcheur et d’humidité pour pousser. Si ces conditions ne sont pas réunies, ils ne pousseront pas.
La quantité de champignons dépend de beaucoup de facteurs, donc c’est impossible de donner un chiffre précis. Généralement on compte entre 10 et 20% du poids de la bûche en champignons frais récoltés sur la totalité du cycle de culture.Autres lectures
Pour aller plus loin dans les lectures, vous pouvez télécharger les deux pdf suivants: